Les echos.fr LE 13/09/2013 A 03:00
Py, les tailleurs de pierre qui manient ciseau et ordinateurs
Présente dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales, la PME a développé des partenariats avec l’université de Montpellier.
Py rénove les monuments historiques de l’Aude et des Pyrénées-Orientales depuis... 1900. Taille de pierre, maçonnerie traditionnelle, charpente, couverture, la PME a été rachetée en 2010 par le groupe catalan de bâtiments et travaux publics Fondeville. Si les techniques utilisées sont calquées sur celles des artisans du passé sur les chantiers tels que la rénovation du prieuré de Serrabonne dans le massif du Canigou, le directeur, Fabrice Bouley, a aussi développé des partenariats avec l’université Montpellier III (histoire de l’art et géologie). « En joignant nos connaissances techniques et celles, théoriques, des enseignants, on arrive à identifier qui a réalisé telle ou telle sculpture : un moine, un chef ou un sbire », explique-t-il. Des conférences sont organisées chaque année avec l’université.
Recréer ce qui n’existe plus
La filiale, qui compte 47 salariés, a réalisé un chiffre d’affaires 2012 de 3,8 millions d’euros. Elle a été capable sur un de ses derniers chantiers, pour la rénovation du prieuré construit au XIe siècle de Serrabonne de reconstituer la balustrade et de marier les pièces de marbre rouge ancien avec du marbre nouveau. « Ce matériau local n’est plus exploité aujourd’hui. La rénovation du prieuré consiste à recréer quelque chose qui n’existe plus », s’amuse Fabrice Bouley. Py collabore ainsi avec des laboratoires de recherche pour se rapprocher au plus près des matériaux utilisés à l’époque.
Py travaille aussi sur le fort militaire de Mont-Louis, qui culmine à 1.700 mètres d’altitude. Avec ses 6 kilomètres de remparts en granit, ce fort est en perpétuelle restauration et représente un chantier annuel d’environ 350.000 euros. « Nous travaillons dessus depuis vingt-cinq ans, qu’il gèle ou qu’il vente », explique Didier Corbel, directeur délégué de Fondeville. En revanche, deux de ses chantiers sont bloqués par la découverte de... colonies de chauves-souris dans les cavités du château de Salses et du fort de Villefranche-de-Conflent. Deux gros chantiers qui représentent un chiffre d’affaires de 800.000 euros.
La force de la PME réside dans le savoir-faire de sa main-d’oeuvre, capable de maîtriser les matériaux locaux (pierre, terre cuite, brique locale dite « Cayrou » et de chaux vive. « Les ouvriers du BTP classique représentent 30 % du prix de vente. A Py, c’est 70 % », résume Didier Corbel. Sur 4 personnes testées dans le cadre de clause d’insertion lors des deux dernières années, 2 postes en maçonnerie traditionnelle ont été pérennisés. Et Eléonore, jeune tailleur de pierre de vingt-trois ans, vient d’être intégrée à l’équipe. Elle sera à l’atelier de démonstration, ce week-end, au pied de la cathédrale de Perpignan. L’histoire continue.